Dans quelle mesure un projet peut-il être « éco-responsable » ? Ou un nouveau produit ? Ou un nouveau procédé ?

Notre problématique aujourd’hui est finalement assez simple. Avec les machines qui nous entourent, nous exerçons une pression sur la Terre qui correspondrait à la présence (sans machine) de 1 400 milliards d’êtres humains. 1 400 000 000 000. Il est possible de réaliser des calculs à l’aide d’outils comme les bilans carbone, ou les analyses de cycle de vie pour « quantifier » la dépense en ressources de nos projets pour les comparer. La comparaison entre différentes options permet de s’affranchir un minimum des erreurs de calcul liées à la complexité du modèle que nous essayons de quantifier.

Concrètement, pour manger, nous pouvons planter des choux, des carottes et puis comparer. Quel mix permet de répondre au mieux à notre besoin d’alimentation ? Passons par une étape d’analyse pour faire un choix pertinent et le tour est joué. Fondamentalement, les choux ne sont pas mieux que les carottes. La réciproque également. Ce qui rend le choix pertinent, c’est l’inscription de la solution dans le contexte concerné. Les carottes seront peut-être plus pertinentes à l’autre bout de la planète et les choux plus adéquats ici.

Qui sait ? 1 400 000 000 000. Il y a du travail !

Réduire ce scalaire ne signifie pas laisser des questions importantes sans réponses (comme arrêter de voyager). Il s’agirait plutôt de prendre le temps de modifier nos réponses à ces questions de premier ordre. Et ce qui est chouette avec de bonnes questions, c’est qu’il y a des tas de bonnes réponses. Posons-nous de bonnes questions !

Quelle est la différence entre une empreinte environnementale et une empreinte carbone ?

Le bilan carbone s’intéresse à toutes les émissions de gaz à effet de serre d’une activité donnée. Les émissions de ces gaz dans l’atmosphère entraînent des conséquences directes sur l’évolution du climat.

Le bilan environnemental intègre le bilan carbone mais aussi des bilans relatifs à notre environnement :

  • Préservation de la biodiversité
  • Santé humaine
  • Exploitation des ressources naturelles
  • Consommation d’eau

5 catégories de critères qui conditionnent notre présence pérenne sur Terre. Alors certes, notre impact sur le climat est à prendre en main de façon urgente, mais pas au détriment des autres catégories d’impact. Sinon, à peu de choses près, ça ressemble à mon combat contre la chute de mes cheveux, je prends ceux de gauche pour les mettre à droite… En bref, l’empreinte environnementale n’est pas là pour faire joli, elle a un critère d’appréciation essentiel pour pérenniser votre stratégie Carbone.

Alors pourquoi la notion d’impact environnemental est un tantinet complexe ?

S’il y a bien une chose à comprendre au niveau de la problématique environnementale et sa « complexité apparente », c’est qu’elle est très dépendante de son environnement. Vous pouvez prendre deux salons de coiffure, absolument identiques mais l’un à Paris et l’autre à Shanghai. Malgré leurs similarités évidentes, leur empreinte environnementale ne sera pas du tout comparable. Parce que la distance parcourue par les matières premières sont différentes, parce que les industries de transformation ne s’appuient pas sur les mêmes procédés, parce que le mix énergétique est différent, parce que les matériaux ne sont pas recyclés de la même manière, parce que la distance aux centres de tri n’est pas identique… Bref, les alternatives pour réduire cette empreinte ne seront pas les mêmes, alors que les salons sont pareils !

Tout ça pour dire que la stratégie environnementale autour d’une activité doit être pensée sur-mesure. D’autant plus que personne mieux que vous ne saura jongler entre contraintes et alternatives autour de votre cœur de métier. Et ça, c’est aussi pénible que génial parce que ça nous permet de voir les opportunités de cette démarche. Non, la stratégie de réduction d’empreinte environnementale ne se cantonnera pas à la question de l’empreinte de votre activité. Cette réflexion va vous amener à contextualiser vos produits, vos procédés, réduire vos coûts, justifier vos prix, donner du sens à votre métier, mobiliser votre environnement professionnel.

Il y a deux possibilités aujourd’hui :

  • Saisir cette opportunité et intégrer de nouvelles possibilités pour votre activité tout en gérant les risques de demain
  • Attendre de devoir emboîter le pas sous la contrainte (sociétale, marché, urgence climatique à quand elle tombera et vous contenter de devoir prendre en compte un nouveau fardeau, cette fois-ci avec moins d’opportunités

Cela demande un peu plus de temps et d’engagement, mais ça en vaut la chandelle.

L’approche systémique qualifie une méthode d’analyse, d’appréhension d’un système complexe privilégiant l’approche globale par rapport à l’exhaustivité des détails. C’est une approche qui permet d’appréhender la complexité de l’environnement. Elle sous-entend :

  • De prendre du recul
  • De construire un indicateur de performance qui prenne en compte le système dans son ensemble
  • De ne surtout pas se focaliser sur un aspect spécifique pour évaluer la situation ou pour mettre en place des alternatives pérennes

Aborder les problématiques environnementales sous une approche systémique, c’est faire un travail de fond sur son activité professionnelle : c’est aussi sain que de faire du sport ou que de rendre visite un à psychologue de temps à autre. Pour l’écologie de soi, ou l’écologie de l’environnement, servons-nous du grand angle.

Pour rebondir sur un exemple concret de sobriété fonctionnelle

Je vous propose de parler d’un pot de cornichons. A quel besoin répond le pot de cornichons. Quel service assure-t-il ? Comment s’y prend-il pour assurer ce service ?

  • Stocker des cornichons
  • Transporter des cornichons
  • Mettre des cornichons à disposition de l’utilisateur

C’est un objet, qui, à peu de choses près, permet à l’utilisateur de déguster de délicieux cornichons à l’apéro. Est-il nécessaire pour cela qu’il soit fait :

  • D’un pot en verre
  • D’un couvercle en plastique
  • D’un liquide pour conserver les cornichons
  • D’un support pour faire remonter les cornichons vers le haut du pot

L’idée n’est pas de statuer sur le mieux ou moins bien mais simplement de comprendre la réponse technique alors en place et de la confronter à nouveau au service auquel elle répond. Après, libre à nous de le faire évoluer ou pas. Peut-être qu’en considérant notre besoin environnemental, il sera envisageable de se passer du support pour faire remonter les cornichons vers le haut du pot. La fonction de service du pot n’en sera que faiblement affectée. Alors avant de penser à changer de matériau, à dissocier, à recycler, faisons un petit tour du côté fonctionnel des objets et des procédés.